Nicolas39 - Pêche à la mouche

La pêche à la mouche sur le blog de Nicolas Germain, un Jurassien amoureux de sa rivière, la Haute Rivière d'Ain.
Centre de pêche en Bosnie.

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Mot-clé - Basse rivière d Ain

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dimanche 5 mai 2024

Démission d'une AAPPMA dans le département de l'Ain.

Le sujet cormoran peut finir par excéder au-delà du raisonnable. Quand certains parcours sont touchés par un ou deux oiseaux, d'autres sont littéralement pillés par des centaines d'individus. L'arrêt des tirs de régulation et le déséquilibre que cela a engendré étaient de trop pour les membres du bureau de l'AUPRA, association gérant la pêche sur une grande partie de la basse rivière d'Ain. Je vous fais un copier-coller de leur communiqué ci-dessous :

Depuis plus de 40 ans, l’Union des Pêcheurs de la Rivière d’Ain (UPRA devenue AUPRA) a oeuvré pour la préservation
des 35 km de la partie aval de la Basse Rivière d’Ain (BRA).
Nos multiples actions ont conduit entre autres à l’instauration d’une cellule d’alerte estivale, à la diminution du
nombre de captures journalières autorisées ainsi qu’à l’augmentation des tailles légales de capture, à la création des
tous premiers parcours no-kill de France en domaine public et plus récemment à la création d’une convention entre
la Fédération de Pêche de l’Ain et EDF pour atténuer les impacts des éclusées EDF.
Toutes ces actions ont été accompagnées d’une lutte contre la prolifération des cormorans sur la BRA. Cette lutte
depuis 25 ans a permis jusqu’en 2022 le maintien de la population d’ombres communs (et de truites) de la BRA.
Hélas, sous la pression de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et de ses mensonges, le ministère de la transition
écologique a supprimé le tir des cormorans sur les eaux libres en 2022 réduisant ainsi à néant tous les efforts de
préservation des rivières et notamment des salmonidés, ombres en tête.
Il faut quant même signaler que la décision du ministère s’appuie sur l’avis du CNPN (Conservatoire National de la
Protection de la Nature) présidé alors par Loic Marion de la LPO ! Ce même Loic Marion qui malgré toutes les
données et études européennes sur la prédation des cormorans en eau douce (notamment sur les rivières à
salmonidés) conclut que la prédation des cormorans s’effectue principalement sur les poissons chats et les perches
soleil !
Quant on demande son avis à la LPO basé sur des études faites par la LPO on peut avoir quelque doute sur
l’objectivité des résultats annoncés. Il serait intéressant de demander son avis aux groupements de viticulteurs sur la
dangerosité de l’alcool et de se servir du résultat en matière de protection de la santé ou de sécurité routière.
Il est bon de mentionner également que, lors de l’enquête préalable à la décision du ministère, une immense
majorité d’avis émis souvent très argumentés était défavorable à cette décision. Les rares avis favorables étaient
dépourvus de toute argumentation. La totalité de ces avis était alors accessibles à tous. Mais comme d’habitude,
cette enquête a été de pure forme et le législateur s’est assis sur les avis des citoyens en donnant raison aux
révisionnistes de la cause animale qui ne semblent pas se préoccuper des effets dévastateurs des espèces invasives
ou envahissantes et qui se moquent éperdument de tout ce qui se passe sous la surface de nos eaux.
Face à cet état de fait, véritable scandale environnemental, notre association a déclaré se mettre en dormance et a
refusé de payer la location des baux de pêche à l’Etat (plus de 5000 € annuels). Le bénévolat a ses limites. Nous ne
sommes pas masochistes au point de continuer à nous échiner à gérer une rivière livrée au pillage par des centaines
de cormorans (et autres harles bièvres).
Car contrairement aux propos mensongers du représentant local de la LPO Thierry Lengagne, il s’agit bien de
centaines de cormorans qui pêchent la BRA durant 6 mois (et bientôt le reste de l’année vu leur sédentarision
naissante). Lorsque nous avions l’autorisation de réguler les cormorans, c’est une moyenne annuelle de 230 oiseaux
que l’AUPRA régulait sur 35 km. 230 cormorans pendant 6 mois, c’est environ 20 tonnes de poissons consommés !
Comment envisager une seconde qu’une telle prédation (sans même parler de celle des harles bièvres) laisse une
seule chance aux poissons les plus vulnérables comme les ombres.
Car, là encore, contrairement aux racontars de la LPO, il n’y a pas de cachettes qui, en milieu naturel, permettraient
aux ombres d’échapper aux cormorans. Il est bon d’expliquer aux génies de la LPO que les ombres ne se réfugient
pas plus dans des cachettes que les lapins ne grimpent aux arbres. Seule une ignorance crasse de la biologie des
poissons (ou une malhonnêteté éhontée) peut permettre de raconter de tels mensonges. Mensonge également
lorsque la LPO évoque des trous de 6 mètres de profondeurs qui serviraient de refuges aux poissons de la BRA. Outre
que cette profondeur n’est jamais atteinte sur les 35 km aval de la BRA, n’importe quel ornithologue honnête (et il y
en a) sait que les cormorans sont tout à fait capables de plonger et pêcher bien en dessous de cette profondeur.
Quant à l’affirmation que la population des cormorans dans le département de l’Ain n’excèderait pas un millier
d’individus, là encore épouvantable mensonge de la LPO. Lorsque les tirs étaient autorisés, les déclarations faites
annuellement à l’administration par les différents porteurs d’autorisation de tir faisaient état de plus de 2000
cormorans abattus. Et les animalistes affirmaient alors que l’on minorait le nombre de cormorans abattus ! Il faut
être de véritables exterminateurs pour parvenir à éliminer plus de 2000 cormorans là où il y en aurait moins de 1000 !
Mais comment attendre des propos réalistes des animalistes lorsqu’une de leur chef de file (élue de plus au conseil
municipal d’une grande métropole) confond une perdrix avec un faisan (vidéo croustillante sur internet). Tant que le
ministère prendra avis auprès de tels « spécialistes » il n’y aura aucun espoir pour nos rivières et notamment nos
rivières à salmonidés.
Et dire que, sur la BRA, l’Agence de l’Eau dépense plusieurs millions d’euros (d’argent public) ces dernières années
pour protéger ses ombres et ses truites dans le cofinancement de nombreuses réalisations (réseau de substitution
au prélèvement en nappes par un pompage sur le Rhône, lâchers de barrages décidés en cellule d’alerte,
améliorations du fonctionnement hydro électrique et diminution des impacts des éclusées EDF via le projet Saut
Mortier, etc…) ! Et en même temps le ministère condamne à mort les salmonidés de la BRA en laissant proliférer les
cormorans.
Pour preuve de la catastrophe annoncée fin 2022, il suffit d’examiner un paramètre édifiant : des ombres très
nombreux en fin d’été 2022 étaient observés (voir rapports de cellule d’alerte) dans les zones refuges de la BRA
(pont de Gévrieux notamment) et avaient donc survécu grâce aux lâchers EDF obtenus par la cellule d’alerte. Or,
durant l’été 2023, après un hiver de présence massive non régulée des cormorans, aucun ombre n’a été observé
dans les zones refuges de la BRA malgré une situation climatique et hydraulique équivalente à 2022. Quant il n’y a
quasiment plus d’ombres dans la rivière et qu’ils sont tous partis en vol dans l’estomac des cormorans et bien
bizarrement il n’en est observé aucun dans les zones refuges estivales !
Face à ce désastre qui ne touche hélas pas que la BRA (voir les nombreuses vidéos sur internet sur tout type de cours
d’eau et même plans d’eau), notre AAPPPMA s’était mise en stand by depuis un an et demi dans l’attente d’une
prise de conscience du ministère, du résultat des recours devant les tribunaux et dans l’espoir du retour à une
régulation légale des cormorans sur les eaux libres seule solution actuelle sur une rivière du profil de la BRA. Mais la
mise en demeure par l’administration d’effectuer ses assemblée générale et autres obligations légales a contraint à
la démission le président de l’AUPRA suivie de celles de tous les membres du CA. A quoi bon en effet dépenser son
argent, son temps et sa santé pour n’avoir pour tout résultat que le spectacle épouvantable du carnage hivernal
perpétré par des centaines de cormorans pillant en toute impunité des décennies de travail bénévole.
Pour finir nous souhaitons bon courage et beaucoup d’abnégation à ceux qui voudront bien s’occuper dorénavant
des 35 km aval de la BRA qui devrait être un véritable trésor de biodiversité ; une biodiversité qui existe aussi sous la
surface de l’eau et que devrait défendre la LPO puisque son slogan n’est autre (sans rire) qu’ « agir pour la
biodiversité ».
Nous adressons à tous les pêcheurs et aux véritables défenseurs de l’environnement nos salutations désabusées.
Pour l’ex Active Union des Pêcheurs de la Rivière d’Ain.
Son ex président Daniel ROJON

vendredi 24 mars 2023

Jura, destination de second choix pour la truite.

Sans être encore vieux, du moins je l'espère, j'ai connu le Jura avec un tourisme pêche ultra florissant. Ses rivières attiraient les pêcheurs à longueur d'année. En tête d'affiche, la haute rivière d'Ain et la Bienne bien entendu.

À l'adolescence, je me souviens d'avoir vu de mes yeux l’hôtel du cerf de Pont-du-Navoy rempli de pêcheurs, une chose inimaginable aujourd'hui ! Dans les autres exemples marquants, j'ai aussi connu Champagnole, ville d'Aimé Devaux, avec 4 magasins de pêche différents. Aujourd'hui il n'y en a plus un seul !

Alors même si la dégradation de nos rivières s'est amorcée il y a bien longtemps, le Jura faisait toujours rêver les pêcheurs de truites. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, clairement. Et pour cause, les densités de truites sont d'une faiblesse abyssale de nos jours. Même pour les pêcheurs expérimentés c'est devenu compliqué de capturer du poisson. Les ombres ont quasiment disparu du département. Il subsiste quelques parcours où seuls des pêcheurs très forts techniquement avec une parfaite connaissance des ces milieux s'en sortiront.

Les heures de gloire du Jura en matière de pêche à la truite sont révolues. De nombreuses régions françaises ont beaucoup plus à apporter aux touristes pêcheurs en recherchent de rivières plus fonctionnelles avec des densités de poissons sauvages plus importantes.

Il n'y a pas à chercher bien loin d'ailleurs. Chez nos voisins du département de l'Ain (01), l'offre parait exceptionnelle avec un panel de rivières aux profils variés qui donneront satisfaction à tous les pêcheurs de truites. La vidéo ci-dessous parle d'elle même. Le Jura est à 100 lieux de proposer une telle offre. Ceci n'est qu'un exemple parmi tant d'autres tant nous sommes malheureusement relégués très loin dans la liste des destinations "pêche truite".

J'en connais qui doivent se retourner dans leur tombe !

De toutes évidences, il va falloir faire comme tous ces pêcheurs croisés depuis bientôt 40 ans ici, prendre sa voiture pour aller voir ailleurs !

dimanche 24 juillet 2022

Nikola Mandic, président de la Fédération de Pêche du 01

De retour sur ce blog avec une interview, cela faisait longtemps ! J'ai souhaité donner la parole à un jeune président de fédération départementale. Etre encore actif, avoir moins de 40 ans et être motivé comme rarement je l'ai vu c'est assez remarquable pour le signaler. Nikola était d'ailleurs présent à notre journée de mercredi en tant que voisin, merci !

Je vous laisse donc en compagnie du président de la Fédération de Pêche du département de l'Ain (01).

Nicolas : Bonjour Nikola, très heureux de te recevoir sur mon Blog. Tu viens d’être élu président de la fédération de pêche du département de l’Ain. Après nous avoir fait une petite présentation, peux-tu nous parler de ces élections et de l’équipe qui a été élue autour de toi.

Nikola : Merci à toi pour l’accueil !

La présentation va être assez simple, Niko, 39 ans, pêcheur chevronné ayant pratiqué à peu près toutes les techniques depuis sa plus tendre enfance. Habitant de l'Ain depuis bientôt 15 ans, et bénévole dans deux AAPPMA du département (administrateur et tireur de cormorans, chose dont je suis TRÈS fier), vice-président de la FD01 pendant 6 ans, président par intérim depuis janvier (démission de mon prédécesseur) et réélu fin mars à l’unanimité par notre nouveau conseil d'administration.

Concernant cette élection, nos AAPPMA de l'Ain ont plébiscité 15 administrateurs de terrain, fervents défenseurs de notre loisir et de ses intérêts : il n’y a personne qui fait ça pour passer le temps, mais bien pour faire avancer la pêche et défendre les poissons avant tout ! On a du jeune, de l'ancien, du retraité, de l'actif, des pêcheurs de salmonidés, de carnassiers, des carpistes, des champions de pêche à la mouche, aux leurres et même au coup, et puis pas mal de simples petits pêcheurs pas très doués comme moi : on ne peut pas faire plus représentatif de notre loisir et de nos pêcheurs !

Mon invité !

Nicolas : Je connais la gestion d’une AAPPMA, bien que modeste en ce qui nous concerne. Mais une fédération, j’imagine que c’est un autre monde. Peux-tu nous expliquer dans les grandes lignes le fonctionnement que tu souhaiterais mettre en place sur la durée de ton mandat.

Nikola : Une fédération, c’est une sorte de mix entre une association et une entreprise, avec un conseil d’administration (le fameux "CA") composé de 15 élus issus des AAPPMA qui définissent une politique, et des salariés qui essayent de la mettre en place, tout en étant aussi (et avant tout !) force de proposition pour les élus : il y a donc deux parties : un côté politique (les élus) et un côté exécutif/conseil(les salariés).

Il faut donc élire de bons élus, mais aussi embaucher(et essayer de garder!) des salariés intéressés par le développement et la défense de notre loisir, pas "juste" travailler dans l'environnement sans se soucier de la pêche. Et quand tu as de bons salariés(comme les nôtres dans l’Ain), tu essayes de les mettre dans les meilleures dispositions possibles. J'ai entendu plusieurs fois des "diviser pour mieux régner", et bien moi, je crois tout le contraire : le président doit déléguer au maximum, écouter son CA mais aussi ses salariés, et être « simplement » le représentant officiel d'une véritable équipe bénévoles/salariés. Plutôt que diviser pour mieux régner, il faut savoir unir pour conquérir !

Concernant le fonctionnement que notre CA souhaiterait mettre en place pour les 5 prochaines années : développer la pêche et défendre les poissons avant tout ! Certains vont me dire "ben c'est évident", sauf qu'en réalité, pas mal de FD (mais de moins en moins quand même) se sont éloignées de leur rôle premier : s'occuper des pêcheurs à la ligne, avec une vraie défense de leurs intérêts, et défendre coûte que coûte les poissons avant tout le reste, et je dis bien avant tout le reste :

Il y a bien assez de structures et autres associations qui s'occupent de tout ce qui nage et vit dans une rivière, alors que le poisson est clairement le parent pauvre de la biodiversité aquatique : loutres, castors, amphibiens, invertébrés, si tu savais le nombre d'études et suivis qu'il y a sur les autres habitants de nos milieux aquatiques (et c'est très bien d’ailleurs !) et tellement peu sur nos poissons dans mon département. A nous de nous occuper d’eux et de ne pas nous disperser.

Niko devant le siège de "sa" fédération avec les jurassiens !

Nicolas : Pour toi, quels sont les dossiers prioritaires à traiter dans ton département et pourquoi ?

Nikola :Oula, nous avons beaucoup de pain sur la planche… On passera tout le volet purement « entrepreneurial »( qui ne va pas énormément intéresser tes lecteurs), et parler uniquement pêche et poissons.

D’un point de vue halieutique, nous allons devoir bosser sur la réglementation (pêche de nuit, test de nouvelles réglementations, dates d'ouvertures/fermetures cohérentes notamment sur les cours d'eau limitrophes, en finir avec certaines "particularités" dont l'absence d'intérêt a été démontrée, etc.), développer les parcours halieutiques, aussi bien à prélèvement(type Aveyron ou Ardèche) par exemple tout en mettant en place des parcours plus "sport" en no-kill, comme le contre canal de Briord.

Je crois personnellement que le meilleur modèle halieutique est de maintenir un prélèvement raisonnable et intelligent sur les milieux productifs en carnassiers et salmonidés(quasiment toutes nos gravières/Lac de l'Ain pour les carnassiers, et l'Albarine ou la haute Valserine pour les salmonidés et surtout les rivières où le harle n’a pas encore tout bouffé), avoir des parcours faciles avec lâchers réguliers pour prélèvement, tout en ayant des tronçons en no-kill qui permettent, quoi qu'en disent nos bloggeurs scientifiques de canapé, d'avoir un peu plus de gros poissons visibles au fort attrait touristique(allez faire un tour sur l'Albarine pour comprendre)...Bref, penser à tout le monde, ne pas être extrémiste ni dans un sens (tout-kill) ni dans l'autre(no-kill).

D’un point de vue environnemental : protéger au mieux les derniers poissons sauvages de notre département, et ce coûte que coûte. Et ce coût passera sûrement par des luttes et conflits avec d’autres « usagers » des cours d'eau. On ne peut pas être copain avec tout le monde tout en protégeant les poissons, celui qui croit au "dialogue" ou à la "concertation" permanente n'a aucune expérience des luttes écologiques ou est un grand naïf : Les conflits sont parfois inévitables et il faut être prêt à aller au casse-pipe pour nos poissons, quitte à passer pour le « méchant » de service.

Lors de pollution, il faut accompagner au mieux nos AAPPMA dans leurs dépôts de plainte, et ne jamais dire "ça ne sert à rien de porter plainte". Notre pôle garderie travaille activement à la mise en place d'une véritable procédure d'accompagnement pour nos AAPPMA. Concernant cette garderie, organe qui est pour moi aussi important que le pôle technique ou l’animation dans une FD, nous nous sommes engagés à revenir à un nombre de gardes plus important d'ici la fin du mandat : un département comme le notre ne peut pas avoir que deux gardes fédéraux, c’est une aberration à corriger.

Restez aussi très vigilent à l’encontre des hydro-électriciens qui font n’importe quoi (ils ne sont pas tous mauvais, la bonne gestion sur l'Albarine ou par la CNR sur le haut Rhône en est la preuve). D'ailleurs, grâce à certains nouveaux élus dans notre CA, on découvre que les problématiques d'éclusées ont lieu même en plaine, comme sur la Veyle avec de la petite hydro-électricité, chose que je ne savais pas.

Ensuite, il y a L'ÉNORME problématique des invasions biologiques qui, et il est toujours bon de le rappeler, sont l’une des 4 causes identifiées et certaines de baisse de la biodiversité (avec la pollution, destruction d’habitat et changement climatique) : Notre fédération continuera son combat pour la reconnaissance du statut d’espèce allochtone qu’est le Harle Bièvre, et fera tout pour maintenir, pérenniser voire développer la régulation des cormorans : des rivières ou lacs riches en poissons, ce sont des rivières et lacs pauvres en oiseaux piscivores allochtones, ce n'est pas une vue de l'esprit, mais une réalité ! Les loutres, oui, les hérons, oui, les martins pêcheurs, oui, les VRAIS oiseaux migrateurs piscivores (grèbes castagneux, grèbe huppé) oui, bref tout ce qui est présent depuis toujours, oui, mais les cormorans et harles, ces espèces apparues il y a moins de 30 ans, il ne faut ni s'y habituer, ni les accepter ! Le drame que nous vivons actuellement avec les harles est tout aussi grave que les autres problèmes de nos cours d’eau.

Nikola avec son vice-président.

Nicolas : Tu évoques les oiseaux piscivores à juste titre de mon point de vue. J’ai le sentiment que le fait d’agir au plus vite sur les populations de harles notamment n’est pas partagé par tous et ce même dans nos propres rangs. Comment réagis-tu à cela ?

Nikola : Je ne partage pas vraiment ton avis : il y a quelques brebis galeuses dans nos rangs mais ils sont ultra minoritaires, encore plus quand il s'agit du Harle : beaucoup de gens(les naïfs, ceux qui veulent être copains avec tout le monde) se moquaient de moi il y a 7-8 ans, puis une fois leur rivière colonisée où il ne reste que 3 grosses truites et 4 alevins, ils commencent à comprendre notre combat contre cet oiseau.

Mais il reste une petite frange de pêcheur/rêveur qui nie toujours l’évidence et ne veulent pas se fâcher avec leurs copains naturalistes et continuent de noyer le poisson (ou plutôt le canard), et sortent souvent l'argument le plus bidon au monde : « oh mais il y a la pollution d’abord ». Cette phrase est vraiment la synthèse de leur absence totale d’arguments : NON, il y a la pollution ET les oiseaux allochtones, et il y a aussi les modifications d'habitat et le réchauffement climatique, les quatre sujets sont différents mais les quatre ont un impact avéré et doivent être combattus. Et ce n’est pas à moi, qui ait ramassé des cadavres de poissons pendant 10 ans sur la BRA et ait lutté corps et âmes contre toutes les agressions dont est victime cette rivière(je vous invite juste à visionner les nombreuses vidéos qu’on a publié depuis 2012 sur la page de mon AAPPMA PPVA…) qu’on va expliquer que je ne m’occupe pas des autres problèmes : les problèmes, on essaye de TOUS les traiter, on ne se cache pas derrière des arguments aussi bidons pour fuir ses responsabilités(parce qu’on a peur de se fâcher avec les copains de promo de la LPO ou de je ne sais quelle réserve naturelle qui n’a de naturel que le nom), et on essaye déjà de commencer par les plus simples : il est plus facile de faire sauter un statut d’espèce protégée d'un oiseau allochtone plutôt que de changer le modèle agricole français ou de faire tomber la pluie en été...D'ailleurs, notre réseau ne fait tellement peur à personne que ce genre de victoire (faire déclasser le Harle et maintenir la pression pour la régulation du cormoran) pourrait nous rendre un peu plus crédible face aux pollueurs pour lesquels nous ne sommes souvent que du menu fretin.

Les harles en action sur la basse rivière d'Ain.

Nicolas : D’après toi, quelles sont les alternatives pour limiter voire stopper la prédation de ces oiseaux allochtones ?

Nikola : Dans un réseau pêche où la fédération nationale serait au service des poissons, un véritable lobbying aurait dû être mené depuis longtemps auprès du ministère de l'environnement. Dans notre réalité où la FNPF ne sert politiquement pas à grand-chose, nous devrons faire sans et nous organiser à l'échelle locale entre fédérations motivées. On n’est pas encore en ordre de marche, donc je ne peux pas t'en dire plus, mais nous serons une des fédérations moteurs dans ce dossier...

Nicolas : Changeons de sujet. En tant que président d’AAPPMA, je suis très attaché aux retours de terrain. Je remarque depuis quelques années un éloignement entre le monde scientifique/technique et ces pêcheurs qui vivent le long des berges à longueurs d’année. Quel est ton point de vue sur ce sujet ?

Nikola : La science, c’est bien, utile et indispensable. Mais ce n’est qu’un outil technique, rien de plus. Il ne faut pas s'en priver, mais il ne faut pas non plus que cela devienne le paravent de l'inaction du type (et je l'ai déjà entendu de la part des pollueurs) : "cherchons encore quelques années pour être sûr de telle ou telle chose, et puis dans quelques années on recommencera les études à zéro car les premières ont déjà quelques années !", et puis au final, RIEN n’a été fait de concret sur le sujet traité…

Dans notre contexte de fédération de pêche, OUI à une science au service de la pêche et des poissons (suivis piscicoles, étude en complément de tests sur la réglementation, études sur des sujets concrets et utiles pour la pêche, etc). La science pour faire de la recherche pure et dure, pour arriver à des conclusions sur des sujets où, de toute façon, nos fédérations ne pourront rien faire (la recherche de la PKD par exemple) ou encore travailler sur des sujets qui n'ont plus rien à voir avec les poissons et la pêche, NON. Laissons ça aux autres, aux universitaires et autres vrais chercheurs, ils le font d'ailleurs souvent très bien(IRSTEA par exemple).

D'ailleurs, on a un excellent modèle pas loin de chez nous, la fédération de pêche du Rhône: elle assure ses missions les plus utiles(suivis et études piscicoles réguliers sur tous ses cours d'eau et lacs, appréciés de tous les partenaires de la FD!) tout en menant en parallèle pléthore d'études à visée halieutique afin de faire évoluer sa réglementation ou défendre cette dernière face aux attaques. Leur travail est complètement axé vers l'acquisition de données pour en faire des choses concrètes et utiles. Il faut qu'une étude serve à quelque chose à la fin: Voilà le seul moyen de réconcilier pêcheurs et science!

Nicolas : J’aimerais aussi connaitre ta vision des choses sur le fait que les autres utilisateurs de nos rivières sont de plus en plus nombreux. Canoés, baigneurs et tous les autres « loisirs » aquatiques comme le ruisseling et autre canyoning. L’argument des pêcheurs, à juste titre ou pas est souvent de dire qu’ils sont les seuls à payer à travers leur taxe sur les cartes de pêche. Il est vrai que sur une année chaude, des portions de rivière peuvent être envahies sur plusieurs mois et donc plus de pêche si ce n’est dans les heures extrêmes de la journée. Qu’en penses-tu ?

Nikola : quel vaste sujet ! Des pratiques comme le ruisseling, et plus généralement le piétinement des petits cours d'eau, devraient être tout simplement strictement interdites. Par contre, et je vais en étonner quelques-uns, mais certaines activités, bien encadrées, doivent être tolérées : le Canoé par exemple n'est pas un problème si la fréquentation reste modérée, la plage horaire faible, et que le loueur sensibilise sa clientèle. Sur la BRA, c’est encore le cas, mais l’installation de loueurs supplémentaires ne respectant pas ces règles se précise…à nous d’être vigilants !

Par contre, il est évident que, comme nous, une journée de canoë devrait être soumise à la CPMA à 3.9 euros, comme pour une carte de pêche journalière. Ça, c'est clairement inadmissible et il faudra un jour qu'ils s'acquittent de cette taxe.

Concernant les baigneurs, le sujet est très complexe : je comprends hélas le besoin des gens, qui pour bon nombre ne peuvent pas partir en vacances, de rechercher un peu de fraîcheur l'été, mais je suis le premier emmerdé par leur comportement : Il sont, selon moi, beaucoup plus problématiques que les canoës, déjà parce qu'ils sont beaucoup plus nombreux, qu'ils restent plus tard le soir et surtout parce que leurs comportements sont souvent inadmissibles : le porc, on ne le retrouve pas que dans le jambon, il vient aussi patauger au bord des rivières l'été pour y laisser ses merdes... Si déjà ils ne laissaient pas de déchets, la pilule passerait mieux auprès des pêcheurs, qui ont naturellement appris à ne pêcher que le matin et le soir afin d'éviter les foules. Mais quand tu arrives sur ton spot rempli d'emballages vides, tu as de quoi détester les baigneurs... Hélas, il n’y a que les forces de l’ordre pour sensibiliser et surtout verbaliser(les gardes pêche n’ont pas cette compétence juridique). On aimerait d’ailleurs que notre gouvernement, ô combien attaché à l’environnement, arrête de réduire les effectifs de l'OFB(police de l'environnement), seul organisme réellement compétent pour verbaliser les actes de pollution.

Nicolas : Un autre sujet qui va devenir, si ce n’est déjà le cas, assez complexe : Le bien-être animal. Il y a de nombreuses associations qui sont prêtes à bondir sur les pêcheurs comme on peut le voir à Paris. Certes, ces personnes sont peu nombreuses, mais elles ont des moyens et sont présentes d’un point de vue médiatique. Quelle doit être notre position face à ce phénomène si tu considères que s’en est un.

Nikola : Oui, il y a une véritable menace, et notre position doit être claire : D'abord, au sein de nos propres rangs, faire passer le message et comprendre une bonne fois pour toute qu'il faut ABSOLUMENT défendre la pêche aux appâts naturels, et plus généralement TOUTES les techniques, que vous les appréciez ou pas. Les animalistes s'en prennent au vif, mais ce n'est bien évidemment qu'une étape. Ensuite ce sera le tour des vers de terre à cause de leur système nerveux, puis des appâts végétaux où l'un de ces tarés découvrira qu'un pois chiche est un être sensible, pour finir, une fois tous les appâts naturels interdits, par demander l'interdiction pure et simple de la pêche à cause des plastiques contenus dans les leurres: ne laissons pas un millimètre de victoires à ces zélés d'animalistes, car les prédateurs, ce sont eux, trop content de se repaitre de nos faiblesses et de la perte de nos libertés, eux dont les vies sont si tristes et insipides, contrairement à celles des pêcheurs !

Là, j’ai défendu la pêche au vif et aux appâts naturels, comme je défendrai toujours le prélèvement raisonné, qu’il faut défendre. Et bien j’ai aussi un message pour les anti no-kill : vous faites aussi le travail des animalistes, qui sont en train de s’en prendre à cette pratique : comme il faut défendre le prélèvement ou les appâts naturels, il faut aussi défendre le no-kill pour la simple et bonne raison que son interdiction envisagée par certaines communes(Grenoble, Paris) n’est que le début de l’interdiction PURE et SIMPLE de la pêche. Que le no-kill vous plaise ou non, et comme pour les appâts naturels, évitez d’aborder des postures idéologiques reprises par nos ennemis, et défendez TOUTES les pêches et TOUTES les techniques, ne nous tirons pas des balles dans le pied nous-même…

Ensuite, un petit conseil aux gestionnaires : j'ai été un grand naïf et fan des réserves de pêche et autres interdictions de pêcher pendant des années, mais j'ai évolué au fil du temps face à deux réalités : la première scientifique : grâce à certaines fédérations, fers de lance des études utiles au service de la pêche, il a été démontré que de nombreuses interdictions ne servaient pas à grand-chose. La seconde réalité est politique : nos interdictions de pêcher que nous nous imposons nous même sont utilisées par les anti-pêche. L’exemple le plus parlant étant les réserves de pêche : une petite musique est en train de monter chez ces anti-pêches qui dit " regardez, les pêcheurs eux même interdisent la pêche sur plusieurs kilomètres pour que les poissons soient tranquilles, c'est bien que la pêche est néfaste ! ". On a même un syndicat de rivière qui vient d'écrire au préfet de l’Ain pour ne pas que l'on supprime une réserve qui ne sert strictement à rien sur le haut-Rhône, sous prétexte que les pêcheurs à la ligne font du mal aux populations piscicoles et que ce secteur serait un « havre de paix, alors que cette réserve est envahie de harles et de cormorans qui eux, c’est bien connu, font des câlins aux poissons.

Méfiez-vous donc des réserves de pêche à outrance, et essayez d'en mettre sur un minimum de linéaire, et uniquement pour des raisons de sécurité (moulin, barrage, lignes électriques) ou de voisinage (cœur de petit village sur quelques dizaines/centaines de mètres max comme à Cerdon).

Déjà, AUCUNE pratique de pêche à la ligne n'a JAMAIS menacé une espèce piscicole, et je dis bien AUCUNE, les réserves ne permettent donc pas de préserver une ou des espèces piscicoles sur la durée. Quand elles sont respectées, elles permettent au mieux d'avoir quelques poissons plus gros, c'est tout. Il faut donc absolument limiter les réserves de pêche à des raisons "techniques", et pas de "tranquillité des poissons". De plus, quand comme moi tu habites au bord d'une réserve un peu "sauvage", tu te rends compte que la seule espèce tranquille dedans, c'est le braco, qui se régale de ces poissons peu éduqués et faciles à prendre, et au final tu n'as pas grand-chose de plus si ce n’est la masse de pêcheurs honnêtes qui elle ne peut pas pêcher sur ce secteur.

Pour résumer mon propos sur les anti-pêche, soyons cohérents : défendons la pêche et toutes ses techniques coûte que coûte. Pas de discrimination entre nous, et un minimum d'interdiction de pêcher, afin de ne pas donner de grain à moudre aux anti-pêche.

Nicolas : Un dernier point et je te libère. Du côté des effectifs de pêcheurs. Est-ce que cela doit être une priorité ? On compare toujours les chiffres, hausses, baisses, etc… Doit-on recruter à tout va ? Si oui comment le faire ?

Nikola : oui, on doit recruter à tout va ! Pour cela, on n’a pas 36 solutions mais seulement 3 : avoir des parcours poissonneux, ne pas dégoûter les pêcheurs (pour ne pas qu’ils rangent leurs cannes au placard) et mettre des cannes dans les mains des gosses ! Pour les deux premiers sujets, on en a parlé avant : Se battre pour nos poissons sauvages mais aussi développer les parcours à lâchers (prélèvement ET no-kill), limiter les interdictions de pêche au strict minimum, et enfin, pour les enfants, changer notre fusil d’épaule : nous avons trop axé nos animations sur le pédagogique et l'environnement. Les gosses, avant de leur expliquer ce qu'est un invertébré aquatique ou une pollution, il faut leur donner le goût de la pêche en leur apprenant à pêcher : c'est en pêchant que l'on s'approprie nos rivières, qu'on apprend à les aimer et à vouloir les défendre contre les agressions. Ils viendront naturellement à se poser des questions sur l'environnement et à vouloir défendre les milieux aquatiques qu'ils ont appris à aimer. Je pense que 100% des bénévoles et salariés du monde de la pêche ont d'abord appris à pêcher, et pas à connaître les familles d'invertébrés. Les sentinelles des rivières se forment d’abord à la pêche !

Nicolas : Merci Nikola pour ton franc-parler et ton dévouement au sein de nos instances bénévoles. Tous mes encouragements pour ce mandat.

Nikola : de rien mon Nico, je voulais simplement rajouter un truc : Tu fais parti de ces gens qui m'ont aidé à me construire en tant que bénévole, au même titre que les articles de pêche sportive, tu fais parti avec Philippe Boisson (et d’autres) de ces gens qui m’ont donné envie de me bouger pour nos rivières, de participer aux premières manifestations pour la Loue, à comprendre certaines problématiques.

Vous avez fait plus pour la défense de nos rivières que la FNPF ces 20 dernières années, ou encore que toute cette nouvelle génération de bloggeurs dont le seul but est de générer du clic afin d’augmenter leurs parts publicitaires, souvent au détriment de l’unité de nos rangs et de la défense de nos intérêts. Bravo et longue vie à ton Blog !

jeudi 11 novembre 2021

Enième attentat d'EDF sur le milieu aquatique.

Les images valent mieux que mille mots. Soutien total à PPVA. Merci à ses bénévoles pour le travail quotidien et les dénonciations de tous ces attentats au milieu aquatique.

vendredi 1 novembre 2019

Vidéo - Saison père et fils 2019.

En cette veille de fête des morts, je préfère ici vous parler des vivants. Car quand on parle de "no kill", il faut aussi avoir une vision inverse. Imaginer tous les poissons remis à l'eau sur une saison morts les uns à côté des autres...Vous l'avez cette vision ? Moi oui. Et pour bien connaitre les rivières autour de chez moi, je me dis que si seulement trois ou quatre connaissances proches se mettaient à prélever ce qu'ils prennent, je pourrais vendre mes cannes à mouche sur-le-champ !

La pêche de la truite ne sera par éternelle dans le Jura...Le fait de remettre son poisson à l'eau ne fait que repousser l'échéance, mais ce n'est déjà pas rien ! Alors faites-le. Merci.

La qualité de la vidéo est moyenne. Tout est filmé au téléphone.

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